Fini de rêver, la nouvelle est tombée, brutale. La Nouvelle-Calédonie vient de battre un record vieux de cinquante sept ans, celui de la plus grande quantité d'eau (de pluie) tombée dans les cinq premiers mois de l'année (qui sont aussi les cinq derniers) !
Ceci dit, cette annonce officielle est tout sauf une surprise. Un mois avant mon arrivée, le territoire était déjà en alerte pré-cyclonique et, depuis, il n'y jamais eu plus de trois jours de beau temps d'affilée. Les averses sont fréquentes, soudaines, et durent parfois une semaine quasiment sans interruption. Dernière période de flotte en date : la semaine de vacances que je passe actuellement à Poindimié, où s'annonce un septième jour de pluie presque ininterrompue.
Résultat : les routes de la côte Est de la Grande terre sont complètement défoncées. Le coaltar (goudron), déjà curieusement très fragile d'origine, ne supporte plus les trombes d'eau continuelles et part en lambeau. Affaissements, nids de poule qui peuvent aller jusqu'à un mètre de diamètre, le plus souvent sournoisement remplis d'eau pour que l'on ne puisse pas juger la profondeur... Rejoindre Poindimie au départ de Bourail, en passant par le col des Roussettes et Houaïlou devient un véritable parcours du combattant. Quant à la traversée même de Poindimié, elle se fait par endroit complètement au ralenti notamment devant mon ancienne maison où un paquet impressionnant de trous barrent la route sur toute sa largeur et sur une dizaine de mètres de longueur.
Curieusement, le coaltar de Maré semble - légèrement - mieux résister, pour une raison que je m'explique mal, les pluies ayant été aussi importantes (sinon plus) que sur le reste du Territoire.
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Le coupable est tout désigné : il s'agit d'un phénomène climatique étrange, une espèce de courant marin qui se fait appeler Nina, avec un tréma tellement ridicule sur le deuxième n que je ne l'ai même pas trouvé sur mon clavier. Je n'y connais rien, mais cette Nina, qui vient de loin, provoquerait un choc thermique ou quelque chose de comparable de nature à perturber grandement, et pour au moins encore un mois, la météorologie locale.
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Il faut donc s'armer de patience et profiter des moindres périodes d'éclaircies pour foncer. C'est ce que je fais, avec un certain bonheur d'ailleurs puisque je vous mets au défi de trouver trace de la moindre goutte d'eau sournoise ni du plus petit strato-cunillo-nimbus sur toutes les photos publiées jusqu'alors.
Pour l'anecdote, pour mon retour sur Nouméa, aujourd'hui samedi 7 juin, le ciel est d'un bleu intense et le soleil brille. Mais ça, c'était beaucoup plus prévisible.
Le mot de la fin à l'aviateur Dédé : « ils vont finir par nous détraquer la bombe, avec leur temps ! »