La première difficulté, pour les photos de chanteur ou chanteuse, est de se placer de telle sorte que le micro ne dissimule pas le visage. Ce que j'obtiens en faisant un pas de côté, en faisant quand même gaffe de ne marcher sur le pied de personne. Tant que j'y suis, j'en profite pour placer l'extrémité de la perche dans le coin inférieur droit de l'image, histoire d'en faire un élément esthétique de la composition.
La deuxième difficulté, de loin la plus importante pour les photos de concert en Nouvelle-calédonie est l'absence quasi générale d'éclairage (sauf sur les très grandes scènes). Zones d'ombres, obscurité, contre-jour sont les pièges que doivent constamment déjouer les photographes. Il m'est même arrivé d'assister à des concerts avec une scène plongée dans un noir quasi absolu. Manque de budget ? Je ne le pense pas, les sonos, quand à elle, tenant souvent la route et représentant un coût largement supérieur à quelques spots savamment disposés. Timidité ou peu de goût pour la mise en avant à grand coup de sunlights ? Pourquoi pas, après tout, un certain nombre de musiciens kanak préférant jouer de profil, voire parfois dos au public. Ombre plutôt que lumière...
En l'espèce, rien de tel. Une jeune artiste, collégienne à Tadine, assise face au public, seule avec sa guitare. Et, surtout, une lumière chaude de fin d'après-midi avec un soleil parfaitement placé (merci à lui), légèrement de côté, illuminant parfaitement les trois-quarts du visage.
Il ne me restait plus qu'à zoomer (200 mm) pour éliminer des éléments parasites tels que pupitre ou chaise et faire ressortir de manière équilibrée le rouge du bandeau et le vert-jaune-rouge des épaulettes et de l'écharpe. Couleurs du reggae, bien sûr, d'un autre Bob (Marley, celui là, pas Tazar). Sans oublier de conserver le haut de la guitare, une splendide Takamine dont j'aurais bien fait mon quatre heures.
Une fois tout cela en place, il me fallait guetter et saisir LA bonne expression. Plusieurs clichés ont été nécessaires pour capturer LE moment, L'instant magique illustrant au mieux la mélancolie de cette magnifique ballade acoustique, portée par une voix douce et envoûtante.
Clic-clac Nikon, c'est dans la boîte !
Il ne me reste plus qu'à préciser que ce cliché a été pris au collège de La Roche à l'occasion de la dernière fête de la musique et à rajouter quelques détails supplémentaires pour spécialistes (F8 - 1/250 secondes) pour que cette photo n'ait plus aucun secret pour vous.
PS (sans aucun rapport avec ce qui précède):
pour celles et ceux qui n'auraient pas encore accompli leur devoir de citoyen, les demis finale du blog d'or 2008 calédonien se terminent demain lundi à 12h (3h du mat' pour la métropole). L'oiseau Péda est actuellement en tête du groupe 2, mais chaque voix est toujours bonne à prendre...