Alors que l'acte malveillant d'un trader fou a replongé le monde dans les années 29, la Nouvelle-Calédonie, elle, s'empêtre dans des conflits sociaux sans fin.
A la grève des agents de la météo, empêchant les avions de décoller, répond une grève des transporteurs aériens, clouant les avions au sol.
Au mouvement des fonctionnaires, réclamant de meilleures conditions salariales, réplique une action de la DBAF (Direction du budget) et de la Direction territoriale des services informatiques (DTSI), mettant en péril le versement du salaire de novembre pour 22 000 agents de l'Etat (dont Bob Tazar lui-même !).
La grève à la DSF (Direction des services fiscaux) provoque la fermeture de la Régie des tabacs, entraînant des manifs de fumeurs en colère autoproclamés « Otages du Caillou », rien que ça. A ce sujet, et pour bien montrer le caractère apolitique et citoyen de cette association, celle-ci comprend dans ses rangs le très désintéressé Edouard Pentecost, gérant de Pacdis, l'un des trois grossistes en tabac du territoire. Ça ne s'invente pas.
Une réquisition du gouvernement pour approvisionner les prisonniers du Camp-Est, ainsi qu'une dérogation spéciale d'importation directe de tabac pour mettre fin à la crise des fumeurs en manque et la situation est - provisoirement - débloquée. Dans le meilleur des mondes enfumé.
Pendant ce temps, les bus de Carsud restent régulièrement à quai, de même que les minéraliers, bloqués au port par la DIMENC.
La DENC (éducation), la DAAJ (affaires juridiques) mettent eux aussi leur grain de poivre dans le bordel, sans oublier la DITTT (transports) qui ne délivre plus ni permis, ni carte grise, ni certificat d'immatriculation. Les ventes de voiture sont paralysées, de même que l'immobilier, victime de la DSF qui n'enregistre plus les actes notariés.
Manifs des futurs retraités pour sauver leur indexation, grève à la direction des affaires vétérinaires, même chose dans les banques à partir de lundi, mouvement reconduit hier à La SNL (usine Doniambo)...
Le SBI se soulève, quant au SGEG, il ne s'en laisse pas compter.
Les douanes, elles, ne sont pas en grève. Mais leur logiciel de dédouanement est tombé bêtement en panne et ceux chargés de le réparer (à la DTSI) ont débrayé il y a un mois. Les containers sont donc bloqués au port depuis deux semaines, avec toutes leurs marchandises à bord (notamment l'automobile véloce de mon pote Luc, partie de la Réunion il y a quatre mois !).
Des procédures exceptionnelles de dédouanement peuvent cependant être mises en place pour éviter que le pays ne sombre définitivement. Mais, bien entendu, chacun défend son beurre (souvent déjà fondu) et veut passer devant le petit copain : « Si les produits alimentaires et périssables sont prioritaires, les jouets, à l'approche de Noël, ne devraient-ils pas l'être aussi ? s'interroge un gérant de magasin (de jouets), inquiet pour les enfants (cf les Nouvelles calédoniennes de mercredi, « Le père Noël bloqué en douane par la grève »).
En attendant les jouets, l'approvisionnement en matériel médical fonctionne au ralenti, mettant les professionnels de la santé eux aussi dans l'embarras.
Dernière en date, la grève des gardiens de stade (!) vient d'entraîner l'annulation des finales du championnat territorial d'athlétisme UNSS et FFA, ce week-end à Magenta (Nouméa). Dommage collatéral, ce sont quatre cent gamins de collèges et de lycées qui se voient privés de ces finales, qualificatives pour les championnats de France avec, pour l'équipe de La Roche, de bonnes chances de médaille dans plusieurs disciplines. Mais, que tout le monde se rassure, le match de 7° tour de coupe de France entre l'AS Mont- Dore et Dunkerque aura bien lieu ce samedi, un accord venant d'être trouvé in extremis. Du pain et des jeux, du tabac et du football... Tant pis pour la jeunesse, les priorités sont claires et, quand l'enjeu est de taille, le gouvernement trouve heureusement des solutions.
Et, signe des temps que rien ne va vraiment plus, le postier qui avait depuis neuf mois l'honneur et l'avantage d'affranchir mon courrier, m'a accueilli aujourd'hui, sans la moindre gène, avec un maillot de l'OM flambant neuf sur le dos. La Calédonie barre vraiment en couille !