Alors que les préparatifs relatifs aux festivités de ce vendredi 1er mai allaient bon train (il est à noter que, contrairement à la métropole, ce n'est pas le travail qui est célébré à Maré mais l'avocat), voici le courriel surprenant reçu par le collège de La Roche, daté du 21 avril et en provenance du Vice-Recteur, notre grand chef à nous.
Objet : Déclaration de jours chômés
Le Vice-Recteur (avec 2 majuscules, je vous prie) vous informe que les jours déclarés chômés par les collectivités locales (ex : journée du Maire) et provinciales (ex : commémoration d'évènement à caractère politique) ne visent pas les établissements publics d'enseignement secondaire. Dans ces conditions l'accueil des élèves sera maintenu (les 4 et 5 mai, ndlr).
Accessoirement, il faut quand même rappeler que ce lundi 4 mai 209 est une date historique pour la Nouvelle-Calédonie. Et pas seulement parce que l'accueil des élèves sera maintenu.
Il y a vingt ans, en effet, lors des cérémonies commémoratives de la sanglante prise d'otages d'Ouvéa, qui s'était soldée un an plus tôt par la mort de vingt-cinq personnes (dont dix-neuf Kanak), Jean-Marie Tjibaou et son fidèle compagnon Yeiwéné Yeiwéné tombaient sous les balles d'un extrémiste kanak, Djubelli Wéa. Ce dernier ne leur avait pas pardonné la signature des accords de Matignon et la main tendue à Jacques Lafleur, l'ennemi d'alors.
@ AFP / Rémi MOYEN
Un véritable traumatisme pour le peuple kanak en général et les gens de Hienghène (Tjibaou), Maré (Yeiwéné) et Ouvéa (Wéa) en particulier. Il a d'ailleurs fallu attendre 2004 pour voir se réconcilier Hienghène et Maré avec Ouvéa, lors de cérémonies coutumières de pardon.
Ce long préambule pour expliquer que ce 4 mai 2009 entre, bien évidement, dans la catégorie des commémorations à caractère politique dont parle le Vice-Recteur dans son courriel, sans plus de précision. C'est ainsi qu'à Maré, sont prévus trois jours de commémorations avec cérémonies coutumières, prières, forums, projections de films, danses et chants sur le site de Nidenod, là où repose Yeiwéné Yeiwéné. A ce titre, la Province a même décrété férié les lundi 4 et mardi 5. Cela entraîne donc, en ce qui concerne le collège, la fermeture de la demi-pension et de l'internat, ainsi que le non-fonctionnement des transports scolaires, tous ces services dépendant de la Province, au contraire du collège qui relève lui, on l'aura compris, de l'Etat.
Annoncer l'accueil d'élèves qui, de toutes façons, seront absents était-il une priorité ?
A l'heure du destin commun, et sans attendre le transfert des compétences, il serait bon, parfois, de se pencher sérieusement sur notre histoire. La mort de grands hommes qui se sont sacrifiés pour leur pays en fait partie. Maintenir ouverts des établissements scolaires vides est une bien curieuse manière de leur rendre hommage.
Je reviendrai longuement, ces prochains jours, sur ces commémorations qui ont été une grande réussite. Malgré le peu d'intérêt marqué par l'éducation nationale...