Episode précédent
(...) Le trajet n’est pas bien long. Nous stoppons dans la forêt, 300 m après l’aérodrome, dans un petit village faisant partie de Craig Cove et répondant au doux nom de Enmila. J’ai à peine le temps de prendre possession du bungalow que Sam réserve à ses visiteurs que, déjà, les affaires se précipitent : me voilà invité à assister à un mariage coutumier. Départ dans l’heure qui suit pour le village de Baïap. N’étant pas venu jusqu’ici pour me la couler douce, j’accepte avec enthousiasme.
Quand on regarde une carte d’Ambrym, Baïap se trouve seulement à quelques encablures de Craig Cove (et donc de Enmila). Lorsqu’il s’agit d’effectuer le trajet en question, dans la benne d’un truck (pick-up local) acheminé pour l’occasion, les encablures se transforment vite en véritable expédition. J’y reviendrai en détail plus tard, lorsque mes lombaires auront repris apparence humaine. Pour l’instant, place à la fête !
Sam, sa femme Héléna, de nombreux membres de sa famille et moi-même, après trois-quarts d’heure de trajet, laissons enfin le truck en bord de piste. Nous empruntons alors un petit sentier qui nous mène, à travers la forêt, au village de Baïap. Nous y faisons une entrée très remarquée, accueillis comme il se doit par le chef du village. Ce dernier (le village, pas le chef) ressemble comme deux gouttes de lait de coco à celui d’Enmila, à savoir une dizaine de maisons en bois, construites autour d’une place principale.
Les préparatifs vont bon train, les invités acheminant les cadeaux pour les mariés. Pas de trace d’ignames et de billets de banque, comme chez mes camarades kanak, mais des régimes de bananes et des pièces de bœuf à foison, ce qui n’est pas mal non plus. Surtout si l’on n’est pas végétarien. Toutes ces bananes et cette barbaque sont en train d’être réparties en différents tas, à grands coups de haches et de sabres. Ces tas seront ensuite redistribués entre les différents membres des deux familles, principalement les oncles utérins, grands gagnants à la loterie de l’amour. Sans vouloir faire ma mijaurée, on se croirait quand même un peu dans un abattoir. Ça tranche, coupe et sectionne à tour de bras. Mais, si ce n’est pas très raffiné, c’est bougrement efficace ! Et très romantique, puisque ces tas serviront à acheter la mariée, objet de la transaction coutumière.
A suivre...