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15 mai 2008 4 15 /05 /mai /2008 19:28


Aujourd'hui, petit retour en arrière d'un peu plus de 3 mois. Rappelez-vous, je venais d'arriver sur l'île et étais à la recherche d'une maison...


Commence alors une course infernale, sous un soleil de plomb et une chaleur aussi moite qu'étouffante. Chemin faisant, je questionne Roger, mon nouveau compagnon, sur les propriétés de la propriété :

- Elle est bien située ?
- Oui, oui, elle est bonne, me répond-il après un instant de réflexion.
- Il y a combien de chambres ?
- Heu... plusieurs, je crois.
- Elle est loin de la mer ?
- Non. Pas très. Un peu.

A Cengeite (prononcée Tchènegueïté), c'est le coup de foudre du coeur. Le cadre est idyllique, avec un terrain arboré magnifique au milieu d'une cocoteraie et la splendide plage de Yedjele toute proche, même si pas visible.


Quant à la maison, elle semble à première vue plus que correcte. Roger s'adresse en Nengone aux deux femmes que l'on vient de réveiller.
Je formule des vœux pour que l'affaire se réalise, me voyant assez bien vivre, ayant bon goût, dans ce décor paradisiaque. Quelques brefs échanges plus tard et la plus âgée des deux s'adresse à moi, dans un français hésitant, pour m'annoncer que cette maison n'est pas à louer. Devant ma déception manifeste, elle me propose cependant gentiment une solution de remplacement, à savoir la maison voisine (pour ne pas dire mitoyenne) qui est celle de sa soeur. Seul - léger - inconvénient : cette dernière (la maison, pas la sœur) ne possède ni salle d'eau, ni toilettes. Mais je pourrai sans problème utiliser les sanitaires communs, me précise immédiatement la vieille dame, pour me mettre à l'aise.
Je réussis à m'extirper du guet-apens en prétextant un manque de chambre.

Direction Eni, ensuite, un peu plus au Sud. Roger a un cousin qui, l'année dernière, y louait une maison.
- Elle est bien située, cette maison ?
-
Oui, oui, elle est bonne !
- Il y a combien de chambres ?
- Heu... plusieurs, je crois.
- Elle est loin de la mer ?
- Non. Pas très. Un peu.

Nous arrivons sur place une dizaine de minutes plus tard et tombons sur une maison visiblement inoccupée, donc potentiellement libre. Mais il s'agit d'une petite construction en bois, vieillotte, sans aucun charme et située en bord de route sur un terrain pelé sans un poil d'ombre.
- C'est bon ici, hein? me demande Roger, visiblement assez fier de sa trouvaille.
Diplomatiquement, je lui fais comprendre que cela risque d'être un peu juste pour héberger la famille nombreuse qui doit me rejoindre en juillet et que je préfère de beaucoup une maison du style de la précédente.
Peu contrariant, et après avoir réfléchi quelques instants, il m'annonce que la maison d'un de ses oncles va se libérer entre Tadine et Cengeité. « Peut-être », ajoute-t-il, alors que je manœuvre pour faire demi-tour.

Demi-tour, donc, direction la maison du tonton de Roger. Chemin faisant, je m'abstiens de l'interroger sur ce qui m'attend, préférant conserver intact l'attrait de la découverte.
La maison du tonton est, là encore, située dans un cadre idyllique, au milieu d'une autre splendide cocoteraie et, ce coup ci, avec vue sur mer.


n>

Roger émet soudain un cri guttural, surgit du fond des tripes. Je sursaute, mais ce n'est que sa manière à lui d'héler d'éventuels occupants. D'ailleurs, la technique ne tarde pas à porter ses fruits puisque un kanak d'une trentaine d'années, hagard, ne tarde pas à apparaître au bout du couloir. Torse et pieds nus, dreadlocks hirsutes, pupilles dilatées, il avance vers nous d'un pas peu assuré, en se tenant au mur sale. De sa main libre, il se gratte discrètement une couille. Nous le dérangeons visiblement pendant l'heure de la sieste, qui suit logiquement celle de l'apéro. Il manque d'ailleurs de trébucher sur un cadavre de Number One (célèbre bière locale) encombrant le couloir.
Il me tend distraitement une main molle, heureusement celle qui tenait le mur, main molle que je m'empresse de serrer amicalement. Roger s'adresse à lui en Nengone. Un mot revient à plusieurs reprises, celui de « loué », qui ne doit pas avoir d'équivalent dans cette langue. Soudain, sans prévenir, Roger quitte la maison. Surpris, je décide néanmoins de le suivre, d'autant plus que le tonton vient de retourner se coucher en se grattant le fondement.

Nous nous retrouvons, Roger et moi, dans la voiture. Comme je lui demande des explications quant à son départ précipité, il m'explique le plus simplement du monde que la maison n'était pas libre.
- Roule à Tadine, m'enjoint-il alors.
J'obtempère, manœuvre entre les cocotiers et tourne à droite direction la capitale de l'île. Immédiatement, apparaît sur la gauche de la route, côté mer, une sorte de monument mortuaire décoré d'innombrables manous. Devant mon regard interrogateur, Roger croit bon de m'affranchir :
- Yewene, me souffle-t-il.
Ce que je traduis par :
- Il s'agit de la tombe de Yewene Yewene, assassiné aux côtés de Jean-Marie Tjibaou par un extrémiste kanak en décembre 1989 à Ouvéa, lors de la cérémonie de deuil qui suivait la prise d'otage de gendarmes et le massacre de dix-neuf kanak, un an plus tôt.
Et, comme il n'est pas avare de détails, il me précise en tendant le doigt vers la maison que l'on vient de quitter :
- C'est sa famille à lui qui reste là.

De retour à Tadine, Roger me drive jusqu'à la mairie, située en face du port.
- Il y a un vieux qui a une maison, m'informe-t-il.
Grand bien lui fasse, mais le vieux en question, un employé municipal, est absent pour le moment. Ce sont trois secrétaires occupées à papoter dans le hall d'entrée qui nous l'apprennent.
- Et il doit revenir à quelle heure? demande-je, avec l'impatience propre au zoreil moyen.
- Tout à l'heure, me répond-on nonchalamment et non sans une certaine logique. Assied-toi pour l'attendre...
Je m'apprête à m'exécuter, lorsque j'aperçois Roger qui, inépuisable, me fait signe de l'extérieur. Je le rejoins.
- La vieille, là, elle a une maison libre...

Il me présente à une kanak d'une cinquantaine d'années, à la mise impeccable, robe mission éclatante et au sourire avenant.
Pour la énième fois de la journée, j'annonce que je cherche une grande maison à louer au bord de la mer. Mon interlocutrice m'écoute attentivement et, à ma grande surprise, commence dans un français impeccable à me décrire son bien : une maison récente, meublée, située juste à la sortie de Tadine, avec vue sur mer, une petite terrasse, deux chambres, dans un état impeccable et avec une cuisine aménagée, le tout pour 100 000 malheureux francs CFP par mois... J'en ai l'eau à la bouche. Elle se présente, s'appelle Georgette, j'en fais autant, mais moi c'est Bob. On s'en serre dix. Le courant passe bien entre nous, ce qui est indispensable pour ce genre de transaction.
- Est-ce que je peux visiter la maison?
- Non. Pour l'instant, elle est occupée par un prof.
- Mais il doit partir, non?
- Je crois qu'il doit partir. L'année prochaine, peut-être. Si tu veux, je te réserve la maison pour 2009.
Et la voilà qui, le plus sérieusement du monde, commence à m'écrire ses coordonnées pour que je puisse la recontacter dans un an. A sa demande, je lui note à mon tour machinalement les miennes. Mais j'ai le moral qui vient de prendre un sacré coup.

Heureusement, je n'ai pas le temps de gamberger. Voilà en effet l'infatigable Roger qui m'entraîne déjà vers de nouvelles aventures.

(A suivre...)

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5 mai 2008 1 05 /05 /mai /2008 19:05


Fini de rire ! La Calédonie commémore, ce 5 mai 2008, les vingt ans de l'épilogue tragique de la prise d'otage d'Ouvéa. Les tensions sont maintenant retombées, partage du pouvoir, redistribution des terres et des richesses ayant ouvert la voie à ce que l'on appelle ici le « destin commun ».
Mais il n'est pas inutile de revenir sur ces heures sombres qui ont mis en lumière des pratiques coloniales d'un autre temps...


1984

5 décembre : dix Kanak, dont deux frères de Jean-Marie Tjibaou, sont tués dans une embuscade sur la route de Tiendanite, au-dessus de Hienghène. 300 douilles seront ramassées sur les lieux, certains corps criblés de balles seront même difficilement identifiés par les familles. Les auteurs de l'embuscade s'enfuient dans les montagnes et, aidés par les réseaux loyalistes (NDLR: qui respectent la légalité républicaine !), réussissent à gagner Nouméa en hélicoptère, où ils se constituent prisonniers.
Hienghène est en état de choc. Les derniers Blancs, sans demander leur reste, fuient la région.


1987

Août : rassemblement pacifique du FLNKS place des Cocotiers, à Nouméa, violemment dispersé par la police.

13 septembre : référendum d'autodétermination boycotté par la plupart des Kanak, sur le nouveau statut de la Calédonie (statut conçu par M. Pons).

29 octobre : à l'annonce de l'effrayant verdict d'acquittement des auteurs de la fusillade de Hienghène, Jean-Marie Tjibaou, le non-violent, déclare : « Cela veut dire qu'on peut abattre les Kanak comme des chiens (...). Il n'y aura pas de justice pour les Kanak tant qu'il n'y aura pas d'indépendance. Cela veut dire que la justice ne peut se faire qu'à coups de fusils. »

13 novembre : au congrès  de l'UC, les dirigeants du FLNKS appellent à la « résistance ».


1988

26 janvier : Pons annonce la décision du gouvernement de faire coïncider en Calédonie les élections régionales et le premier tour des présidentielles, le 24 avril. Le FLNKS appelle ses militants à organiser la résistance par tous les moyens.

22 février : à Poindimié, neuf gendarmes sont pris en otages, et libérés après une nuit de détention.

11 avril : incidents à Nouméa entre indépendantistes et « loyalistes ».

12 avril : la gendarmerie de Fayaoué, à Ouvéa, est attaquée par des militants du FLNKS. Quatre gendarmes sont tués. Les autres sont pris en otages. Le gouvernement confie à l'armée une mission de police sur Ouvéa, qui est déclarée « zone militaire ».

22 avril au 5 mai : la France fait la guerre sur son propre territoire national (pillages, saccages, ratissages, regroupements de population, tortures, prisonniers sommairement exécutés, interdiction de la presse...).

23 avril : Pons annonce que les gendarmes ont été tués « à coups de haches et de sabres d'abattis », Chirac parle d'actes de « sauvagerie » et de « barbarie », le Figaro précise que les victimes ont été « découpées à coups de machettes ».

24 avril : les autopsies pratiquées à la morgue de Nouméa établissent sans équivoque qu'aucun gendarme n'a été victime de blessures mortelles à l'arme blanche, ni de mutilations.

Elections régionales, premier tour de l'élection présidentielle. Ces élections se déroulent dans un climat de guerre. Dans toutes les communes peuplées en majorité de Kanak, le taux d'abstention est tel que les résultats n'ont aucune valeur (74,67 % pour Chirac ; 12,39% pour Le Pen ; 4,98 % pour Mitterrand ...).

25 et 26 avril : interrogatoires et sévices à Gossanah.

26 avril : les seize otages arrivent à la grotte d'Ouvéa, après avoir été déplacés pendant cinq jours, grâce au soutien de la population locale.

27 avril : le substitut Bianconi et le capitaine Legorjus, chef du GIGN, sont faits prisonniers aux abords de la grotte. Mais Legorjus gagne la confiance des preneurs d'otages, au point d'être relâché le soir même pour servir de messager.

28 avril : face à face télévisé entre Mitterrand et Chirac, entre les deux tours de l'élection présidentielle.

Chirac : « je ne respecte pas M. Tjibaou, quelqu'un qui est devenu un terroriste. Je ne respecte pas le FLNKS, et je ferais tout pour que ce groupe terroriste soit réduit. (...) M. Mitterrand, lorsque vous avez pris le pouvoir en 1981, la Calédonie était totalement calme. (...) Il n'y avait aucun problème calédonien. (...) A partir de 1986, le calme est revenu sur le territoire. (...) Je connais bien la Nouvelle-Calédonie, j'y suis allé onze fois, ce qui me donne une certaine supériorité par rapport à ceux qui ne connaissent pas cette terre. »

Mitterrand : « il y avait le calme avant mars 1986. (...) On ne peut assurer l'harmonie dans l'injustice et l'oppression. (...) Ce qui compte toujours, aujourd'hui et demain, c'est le dialogue. (...) Le dialogue est la règle de la République, il faut retourner au dialogue.»

28 avril : Legorjus entame des allers-retours entre la grotte et l'extérieur. Le chef des preneurs d'otages, Alphonse Dianou, se déclare prêt à négocier.

29 avril : Pons donne à Legorjus l'ordre de ne plus retourner dans la grotte.

30 avril : en présence de Pons, le général Vidal plaide pour une solution de force : bombardement, utilisation de napalm ou de défoliant... Pons laisse carte blanche aux militaires et quitte courageusement le territoire.

2 mai : du côté des chefs indépendantistes, on déclare vouloir attendre le 8 mai, et les résultats de l'élection présidentielle. La rumeur circule même parmi les habitants de Gossanah que tous les otages seront libérés le 9 mai.

3 mai : le substitut Bianconi qui, lui aussi, peut circuler, réussit à faire passer des armes aux otages.
Pour Le Pen, qui n'en rate pas une, il n'y a qu'une seule alternative pour les « terroristes rebelles » : la soumission ou l'extermination.
Pons, dans une lettre adressée à Vidal évoque « une action de force qui permettrait la libération sans concession des otages. (...) L'honneur de la France et de l'armée française sont en jeu. » Lettre transmise à Paris, qui reçoit l'aval de Chirac, puis de Mitterrand. Feu vert est donné à l'opération « Victor ».

5 mai : assaut contre la « grotte aux guerriers ». Dix-neuf Kanak et deux militaires sont tués.

8 mai : Mitterrand est réélu Président de la République. En Calédonie, Chirac obtient 90,29% des suffrages exprimés. Obsèques des dix-neuf d'Ouvéa, dans une tombe commune au centre de l'île.

9 mai : « Le monde » publie de nombreux témoignages faisant état de l'exécution sommaire de trois blessés kanak. André Giraud, ministre de la Défense, annonce qu'il porte plainte contre X pour « diffamation envers l'armée. »

10 mai : nomination de Michel Rocard au poste de premier ministre.

15 mai : Rocard annonce l'envoi d'une mission de six personnes chargée de rétablir le dialogue.

21 mai : les témoignages de prisonniers kanak qui, dispersés dans différents établissements pénitentiaires n'ont pu se concerter, confirment qu'il y a bien eu exécutions sommaires.

24 mai : Pons brocarde les croyances kanak, les éléments spirituels et le caractère sacré de la grotte de Gossanah.

15 juin : Rocard reçoit, ensemble, Lafleur et Tjibaou, les ennemis d'hier, pour renouer le dialogue.

26 juin : poignée de main historique entre Tjibaou et Lafleur, signature des accords de Matignon.

Septembre : Pons confie à l'hebdomadaire royaliste Aspects de la France, constant soutient de Le Pen : « s'il fallait refaire ce que j'ai fait, je le referais. »

6 novembre : référendum national sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie.


Nous sommes en 1988. M. Pons est ministre de l'outre-mer. Pour fêter ça, il revient sur le statut Pisani qui avait au moins le mérite d'avoir calmé le jeu. Les Kanak, toujours aussi susceptibles, se sentent une fois de plus trahis. Un an plus tôt, une manifestation pacifique à Nouméa a été dispersée à coups de matraque et de lacrymogène. Pour bien montrer qui est le patron, l'ami Pons, qui a du mal à situer la Calédonie sur une carte, annonce que « si les Kanak bougent, on va leur serrer le kiki ».

Les Kanak en question décident de bouger, justement. Une attaque généralisée de toutes les gendarmeries du territoire et des îles est prévue, puis annulée à la suite de nouvelles tractations. Mais à Ouvéa, île paradisiaque mais où il ne faut pas trop chatouiller l'autochtone, l'annulation de l'opération n'est pas connue. Les indépendantistes du coin, un peu distraits sur ce coup, partent donc seuls au casse pipe. Attaque de la gendarmerie, quatre gendarmes tués, les autres emmenés en otage dans une grotte perdue dans la forêt, dans le nord de l'île.

La France envoie l'armée pour rétablir l'ordre, ce qui est contraire à la constitution, la Calédonie n'ayant été à aucun moment déclarée en guerre. Mais il est de toute façon trop tard pour commencer à respecter la légalité républicaine.
Le mot d'ordre et le seul souci de l'Etat français : résoudre la crise avant les élections présidentielles du 8 mai.
- On n'va pas laisser une poignée de sauvages à moitié nus foutrent le bordel dans nos belles élections, cré vin'diou !, clament en cœur nos amis Mitterrand, Chirac, Pons ainsi que Jean-René Goujon, patron du Café des Sports de Brétigny/Argens.

Le Lieutenant Legorjus, qui depuis le début de la prise d'otages fait office de médiateur entre les indépendantistes et l'armée, a beau répéter que les Kanak sont prêts à se rendre sans effusion de sang, ordre est donné par le premier ministre (Chirac), après accord du chef des armées (Mitterrand), d'envoyer la purée. Bilan de l'opération "Victor": actes de tortures perpétrés sur des civils, vingt et un morts dont dix-neuf Kanak, certains après s'être rendus, un autre ayant malencontreusement glissé de l'hélicoptère au dessus de l'océan.
Au journal de 20 heures, devant la France entière, Mitterrand, les yeux dans les yeux de Chirac, jure ne pas avoir été tenu au courant de l'opération. Il sera réélu Président de la république quelques jours plus tard, dans la joie et l'allégresse.

Au mois de juin, Michel Rocard, nouveau premier Ministre, réalise le miracle en obtenant la signature des accords de Matignon et une poignée de main historique entre Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur, les ennemis d'hier. La Calédonie peut s'engager vers un « destin commun ».

 

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3 mai 2008 6 03 /05 /mai /2008 23:21

 
Tel le bon président Mitterrand pendant les premières années de ses présidences, celles où il était en pleine forme, je vais moi aussi jouer la transparence et tout révéler sur mon état de santé.

Le samedi 19 avril, quelques heures après le départ de Mme Tazar (qui avait sûrement dû sentir venir le coup), j'ai été pris d'un très gros coup de fatigue. Un peu comme après une semaine à faire le rocker au Blue Whales, mais en pire. Prise de sang immédiatement effectuée (il s'agit de ne rien laisser traîner dans ces contrées hostiles), le verdict est tombé, sans appel : la dengue.

Prononcée « dingue », ce qui est de suite plus rigolo, la dengue est une maladie tropicale mais pas que, transmise par la piqûre d'un moustique sournois appelé curieusement Aedes Aegypti, ce qui n'est vraiment pas un nom catholique. Les symptômes sont on ne peut plus clairs : fièvre, courbatures, nausées et fatigue extrême.
Dan certin k + rare le sujé retonbe a l age ado, mé g échapé a sa.
Quant au traitement, il est réduit à sa plus simple expression : du Doliprane pour faire baisser la fièvre et de la patience pour ne pas devenir complètement dingo. Au niveau prévention, une seule consigne, mais impérieuse : AUCUNE relation sexuelle avec le moustique, même majeur et consentant. Pour cela, un peu de volonté et un bon répulsif (en vente dans tous le bon magasin de Maré) feront l'affaire.

Bloqué à Nouméa chez l'ami Dédé, aux petits soins pour son vieux pote de régiment, j'ai donc passé dix jours entre lit et canapé, avec pour toute activité physique la pression exténuante sur le bouton « on » de la télécommande de la télé.

De retour à Nece depuis le mardi 29, je me remets tranquillement de mes émotions grâce au bon air marin et au calme de la campagne maréenne. Les collègues défilent à la maison pour prendre des nouvelles, qui sont excellentes. La preuve : je participe même comme il se doit aux festivités de la traditionnelle fête de l'avocat de Nece, en ce week end - à rallonge - du premier mai.

 

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12 avril 2008 6 12 /04 /avril /2008 19:18

 

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7 avril 2008 1 07 /04 /avril /2008 18:41

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12 mars 2008 3 12 /03 /mars /2008 13:42
 
Après plusieurs heures de calme plat, simplement troublé par une maman égarée à la recherche de la Vie scolaire, un premier client se manifeste sur les coups de 14h10 (!) Un jeune intrépide vient en effet de passer timidement la tête par la porte du CDI, laissée inconsidérément entrouverte. T-shirt Bob Marley, short à deux bandes, claquettes traînantes… la panoplie complète du petit élève kanak moyen.

Il m’observe avec curiosité, sans mot dire mais en se tortillant dans l’entrebâillement. Ce qui ne l’empêche pas de me rendre le sourire que je lui adresse, ce qui est la moindre des choses mais fait toujours plaisir.
Au bout de longues secondes de statu quo, je me décide à l’interroger du regard, prudemment histoire de ne pas l’effaroucher. Sans succès. Puis, la situation commençant à s’éterniser, je me lance et lui pose carrément LA question :
-         Tu veux venir au CDI ?

L’imperceptible haussement de sourcil sur un visage par ailleurs impassible ne me laisse aucun doute quant à l’enthousiasme qui l’anime à l’idée de fouler, pour la première fois de l’année 2008, le sol de cet impressionnant sanctuaire culturel.
Je lui fais alors signe d’entrer, tout en me dirigeant lentement vers lui en signe de détente. Il s’exécute sans me quitter des yeux et en opérant un mouvement tournant autour d’une chauffeuse poussiéreuse, afin de s’assurer un espace de sécurité.

Je lui demande s’il vient de la permanence. Aucune réaction. Je repose ma question plus lentement, en remplaçant le mot « permanence » par celui d’ « étude ». Même résultat.
Je me rends alors compte qu’un minuscule tremblement semble animer ses lèvres, signe annonciateur d’une entame d’ersatz de conversation. Je tends l’oreille, en vain. Le léger ronronnement de la climatisation m’empêche de percevoir l’intégralité du mot qui, j’en suis maintenant persuadé, vient d’être prononcé. Toujours par signe, je m’efforce de le mettre en confiance et l’incite à exprimer de manière synthétique l’intégralité de sa pensée.

Ça y est ! Je viens de discerner un nom, qui vient d’être émis dans un souffle, main devant la bouche et tête baissée. Il s’agit de celui de ma devancière. Diable ! Le garnement me confondrait-il avec cette dernière, dans un moment d’égarement dû à une émotion bien compréhensible ? Je m’empresse de lever toute ambiguïté et lui annonce fièrement que je suis le nouveau documentaliste du collège. Il semble très heureux de cette bonne nouvelle, ce qui n’empêche pas un silence de plomb de retomber instantanément. 
Je décide de le rompre à nouveau, tout en faisant preuve d’originalité :
-         Et sinon… ça va ?
-         Un peu…
La glace est rompue, nous progressons à grand pas.

Mettant provisoirement de côté l’aspect réglementaire de sa situation, qui me semble quand même sujette à caution, je renonce à lui demander un hypothétique billet d’inscription et lui annonce qu’il peut choisir un livre et s’installer pour le lire. Il obtempère, visiblement satisfait de l’accueil qui lui est réservé.
C’est alors que surgit la prof de français :
-         Dis-moi, Jean-Pierre, tu as bien cours avec moi, en ce moment ?
Haussement de sourcil affirmatif.
-         Qu’est-ce que tu fais là, alors ?
La question étant ouverte, elle reste sans réponse.
-         Allez, pose ton livre et suis-moi en cours.
Le petit sauvageon obtempère de bonne grâce, dans un bruissement de claquettes furtives. Le silence retombe sur le CDI.



 

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11 mars 2008 2 11 /03 /mars /2008 09:28


Et voici la réponse de notre grand-jeu concours, que vous attendiez tous avec impatience:
  

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N.B.: seaux, balais et balais-brosses n'apparaissent pas sur la photo, faute de place. Les bombes anti-cafards et araignées non plus...


C'est tatie Nicole qui gagne une tringle à rideau, bien qu'elle semblait douter elle-même de sa réponse.
Bravo à elle (qui débute en plus sur internet) ! 

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10 mars 2008 1 10 /03 /mars /2008 10:21


Attention ! Plus que quelques heures pour donner vos réponses, avant le résultat final.

Je sens que ça brûle...

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7 mars 2008 5 07 /03 /mars /2008 08:51


Un peu de publicité (gratuite) pour le Nengone Village, le seul restaurant de l'île (hormis quelques plans, rares mais parfois excellents, dans des gîtes). 
Je dois avouer que cela a un peu tendance à devenir ma cantine, les jours sans boulot. 
Mais, bon, tout n'est pas rose pour autant. Tout se méritant, il faut quand même se taper un bon quart d'heure de voiture pour toucher le nirvana.

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7 mars 2008 5 07 /03 /mars /2008 08:38


Aujourd'hui, grand jeu-concours !

La question est simple, la voici: " quel a été mon premier achat, suite à la location de ma maison ? "
Un indice: cela m'a coûté 10 000 Fcfp (environ 90 €)
Donnez-moi votre réponse par le biais des commentaires, vous avez jusqu'à lundi soir...
 

 

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