Résumé de l'épisode précédent : Le programme de la 18° Foire des îles, à Maré, était plus qu'alléchant. Mais rien ne devait finalement se dérouler comme prévu...
Dès le vendredi matin, premier jour de la manifestation, des problèmes de transports perturbaient déjà le bon déroulement des opérations. L'Ameriti IV, le bateau flambant neuf chargé de pallier l'absence du Betico, rebroussait chemin à deux reprises après avoir quitté Nouméa, pour cause d'intempéries. Quant aux liaisons aériennes d'Aircal, le vol du matin se trouvait fortement retardé par les même intempéries alors que celui du soir était purement et simplement annulé.
Ce qui faisait dire à Cawidrone Wakanumune, le responsable de l'organisation : « Jamais je n'aurais pensé qu'en 2008 on est encore incapable de mettre en place un transport correct entre les îles (...) Je rencontre le même problème qu'il y a dix-huit ans. »
Les officiels attendus pour la cérémonie d'ouverture (Jacques Lafleur, le président du gouvernement, les présidents des Province Sud et Nord...) brillaient donc par leur absence, ainsi que, ce qui est quand même autrement plus grave, les diverses formations annoncées de la Grande Terre, de l'île des Pins et du Vanuatu. Sans oublier trois à quatre cent touristes, cloués sur leur lieu d'embarquement ou baladés toute la journée en mer avant de se retrouver à leur point de départ.
En fait, jamais cette 18° Foire des îles ne devait se remettre de ce départ raté.
Après une cérémonie d'ouverture majestueuse, regroupant quelques dizaines de bambins des écoles primaires, sautant avec l'agilité et l'innocence de leur jeune âge à travers trois cerceaux avant de procéder à un lâché d'autant de ballons, suivie d'un défilé agricole comprenant un âne, un cheval de trait et un tracteur, nous nous sommes mis à attendre les diverses animations prévues. Pas les jolies majorettes de Dumbéa ni la troupe de danse Olobatr de l'île des Pins, donc, mais au moins les animations mettant en scène des gens de Maré, à priori moins touchés que les autres par les problèmes d'acheminement.
Mais l'après-midi devait se dérouler nonchalamment, au gré des annulations et des contre-ordres, des attentes vaines et des espoirs déçus.


Si les stands de restauration et de produits du terroir étaient fidèles à eux-mêmes et au rendez-vous, la troupe de danse de Hnawayace ne s'est jamais montrée. Celle de Pénélo non plus, pas plus que le jeune Zily (de Cengeite) ou Gulaan (ancien leader d'OK Ryos, vainqueur des victoires de la musique 2004 en Calédonie), d'ailleurs.
Un effet collatéral des nombreux mariages ayant actuellement lieu sur Maré ? Nous ne le saurons probablement jamais.

Nous avons abandonné la partie à la nuit noire, c'est-à-dire à 18h30, alors qu'une pluie sévère commençait à rejoindre les rafales de vent. La balance pour les groupes sensés animer la soirée à partir de 18h n'avait même pas encore commencé, mais des rumeurs laissaient entendre que Dick & Hnatr seraient finalement bien fidèles au rendez-vous, alors qu'ils se produisaient au moment même à Canala, sur la Grande-Terre.
Après une soirée paisible, simplement troublée par une coupure d'eau, une coupure d'électricité (à priori causée par la chute d'un pin colonnaire sur une ligne) et un tremblement de terre ma foi de fort belle magnitude, suivie d'une nuit tout aussi calme, nous faisons notre réapparition sur le site de Tadurem, plein d'espoir à l'orée de cette seconde journée.
Mais, immédiatement, un podium désert (en lieu et place des animations musicales prévues) et l'absence de la troupe de danse de Wakoné douche notre enthousiasme juvénile, ne nous laissant que peu d'espoir de voir un quelconque changement s'opérer par rapport à la veille.
Nous en profitons pour découvrir, point d'orgue de ces deux jours, le plus grand igname de la Foire, un splendide tubercule magnifiquement profilé de plus de deux mètres de long, religieusement exposé devant le stand de M. Alfred Waia.


Pour le reste, les commentaires du speaker officiel, commençaient sérieusement à fleurer bon l'improvisation :
- A 11 heures, la chorale de Ro.
- Marcel, tu viens filer un coup de main au podium, là ou quoi ?
- S'il y a des groupes parmi les spectateurs, ils peuvent venir s'inscrire et jouer.
- En début d'après-midi, la chorale de Ro.
- Un, deux, un deux. Test, test.
- La chorale de Ro va se produire à 16 heures. Soyez à l'heure.
- Alors, y'a pas de groupe ? Je vous rappelle que tout le monde peut venir s'inscrire et participer.
Un public bon enfant et clairsemé d'une petite centaine de spectateurs somnolait alors distraitement en l'attente d'un spectacle quelconque à se mettre sous la dent, sur une pelouse humide devenue depuis longtemps bien trop grande (à part, peut-être, pour U2, et encore...). Un groupe local (pas mauvais du tout, d'ailleurs) assurait le show pendant plusieurs heures en attendant désespérément la relève, persuadé, à chaque morceau, qu'il s'agissait du dernier.



Sur le coup des 17 heures, l'arrivée sur scène d'un homme se présentant comme le chef de choeur de la fameuse chorale de Ro et appelant au micro ses congénères laissait espérer une légère embellie. Las ! Après de longues et vaines minutes d'attente, il redescendait piteusement du podium, lâchement abandonné par sa troupe invisible, probablement scotchée sur TNC, l'heure de « Marina », l'excelllente télénovela mexicaine (concurrente directe d'Amour, gloire et Beauté, c'est dire !) très prisée par les ménagères en robe mission, n'allant pas tarder à sonner.
Nous en avons profité pour nous éclipser, n'ayant plus le choix, en matière d'animation et à cette heure avancée de la journée, qu'entre le tournoi de pétanque et celui de volley féminin.
Mais il était dit que cette 18° édition de la Foire des îles serait décidément maudite. Le dimanche matin, le corps sans vie d'Edouard Naisseline, organisateur du concours de pêche, était retrouvé sur la plage de Pede. Son embarcation, avec trois autres hommes qui avaient réussi quant à eux à regagner la terre à la nage, avait fait naufrage la veille. Un accident jetant définitivement le voile sur une fête à oublier au plus vite.