Voici une liste, non exhaustive, de quelques titres qui ont fait la une, ces derniers temps, de la presse locale :
Le jubilé approche ;
Jubilé Karembeu : soixante-dix jours pour être prêts ;
Pour participer au jubilé ;
Jubilé Karembeu : qui aura des tickets ? ;
La vente des places pour le jubilé Karembeu va carburer ;
Des collégiens au jubilé Karembeu ;
Qualifiés pour le jubilé Karembeu ;
Les ouvriers du stade jouent les prolongations ;
Le jubilé Karembeu sur grand écran ;
Ils jubilent pour Karembeu ;
Tous autour de Christian ! ;
Jubilé Karembeu : l'équipe ;
Un match d'exception ! ;
L'offrande faite à un peuple ;
Les bleus débarquent ! (sans aucun lien de cause à effet avec l'article suivant intitulé « Michel Rocard fait salle comble ») ;
Les champions du monde à Nouméa ! ;
Ils sont là ! ;
Des larmes au Centre Tjibaou ;
Bain de foule avec les bleus ;
L'enfant prodige de retour au pays ;
Tout Canala était là ;
La star Karembeu célébrée à Lifou ;
Zizou a dansé le pilou avec nous ;
Une journée de vacances au parfum de jubilé ;
Le jour K (avec à l'intérieur le poster du jubilé) ;
Un jour K comme Karembeu ;
Et la Calédonie chavira dans l'allégresse ;
Merci ! ;
Jubilatoire ! ;
Des images pour toujours...
Ouf ! La raison de cet emballement exceptionnel : la venue de la plupart des joueurs de l'équipe de France (de foot) 98, championne du monde, à l'occasion du jubilé de l'enfant du pays, Christian Karembeu. Un engouement extraordinaire, indescriptible. Depuis plus de trois mois, toute la vie locale tourne autour de cet évènement. Le stade sera-t-il prêt ? Comment obtenir un ticket ? Quels sont les joueurs qui vont participer ? Adriana viendra-t-elle ? Zizou a-t-il la tête moins dure et plus pleine qu'à la télé ? La presse écrite consacre unes et pages spéciales à l'évènement. Un portrait géant du héros orne les murs de Nouméa... Les journaux télé (TNC et Tempo) ne sont pas en reste et mobilisent leur rédaction.
Cette folie va connaître son paroxysme à partir de l'arrivée des joueurs à l'aéroport de la Tontouta, le 28 mai. Les moindres faits et gestes de la délégation vont alors être relatés, quasiment en temps réels, jusqu'au point d'orgue constitué par LE match, quatre jours plus tard : accueil au Méridien, coutume au centre Tjibaou, sortie en catamaran, bain de foule à la Moselle, inauguration d'un stade à Païta, séjours à l'île des Pins, à Canala et, temps fort parmi les temps fort, à Lifou, la terre natale de Karembeu.
Importance de la terre, du respect des ancêtres, de la coutume... Pendant tout le séjour, Christian Karembeu s'est mué en guide pour faire connaître son pays et ses valeurs à ses partenaires, ravis de l'aubaine et de l'accueil chaleureux qui leur a partout été réservé. Ici, pas de « ho, hisse, enc... ! » ou de cris de singes, coutumes ancestrales en vigueur dans les stades euro-métropolitains, mais des palabres empreintes de respect et des dépôts de manous. Ainsi qu'une effervescence inimaginable, avec des milliers de jeunes, pour certains même pas nés en 98, venus voir ou toucher leur(s) idole(s).
Tout cela nous a mené au samedi 28 mai, jour du match.
Stade Numa-Daly refait à neuf (avec construction d'un centre VIP), quartier de Magenta (celui de l'aviateur Dédé) bouclé avec cordon de sécurité, spectacle d'ouverture grandiose, pom-pom girls de la Banda Momo à la mi-temps (avec Mathilde, fille de Dédé, en guest-star), 9 000 spectateurs en folie (en majorité des collégiens et des licenciés invités), le tout sous les yeux du président de la FIFA... Retransmission sur RNC et TNC, avec prise d'antenne une heure avant le coup d'envoi pour assister en direct à l'échauffement des bleus ( !)... Un dispositif étonnant, digne d'une finale de Coupe du Monde ! Les choses ont été faites en grand, et bien faites.
Au milieu de tous ces préparatifs, il a été simplement négligé un détail : l'adversaire de la France. Karembeu, le maître de cérémonie, a souhaité constituer une sélection hybride océanienne, avec des joueurs de Calédonie, de Nouvelle-Zélande, des Salomon... Mais des joueurs plus soucieux d'obtenir un autographe de Zizou qud de lui piquer la balle et, pour certains, cinquantenaires, non entraînés, bedonnants, et parfois même avertis de leur participation à seulement vingt-quatre heures du coup d'envoi. L'entraîneur de cette sélection lui-même reconnaissait avoir appris au dernier moment sa participation et être plus attentif à admirer Zidane jongler à l'échauffement qu'à définir une « tactique ».
Peu importe, la fête devait être belle, elle l'a été. Les Français ont marqué huit buts en marchant, Zizou a fait une roulette et ne s'est pas fait expulser, Karembeu a joué la fin de la partie avec la sélection océanienne et a marqué un penalty offert par l'arbitre à la dernière minute, le public a fait la ola, le tout dans la joie et l'euphorie générale. Une belle sortie pour l'enfant de Canala et de Lifou qui, douze ans avant d'être sacré champion du monde, jouait au FC Gaïca.
PS : il est à remarquer que les quatre anciens marseillais de l'équipe de France, Dessailly, Deschamps, Barthez et Dugarry étaient tous absents. Une limite au brassage culturel ?