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1 septembre 2009 2 01 /09 /septembre /2009 17:00


Comme je te l’expliquais il y a peu dans l’excelllent article intitulé Le lion Loulou,
un jeune emprunteur assoiffé de lecture avait longuement hésité entre deux ouvrages aux qualités indubitables, avant de jeter, sur mes conseils avisés, son dévolu émerveillé sur « le Loup Loulou ».

Je décidais alors d’officialiser cet emprunt sur ordinateur et, dans un moment de grand égarement, lui demandais son nom…

- Comment t’appelles-tu ?

- Wayéwathéamané (le tout proféré en expirant rapidement, tête baissée et main devant la bouche).

- Comment ?

- Yéwayéthéamené (sans aucune amélioration notable au niveau de la diction éternuative).
- Ça s’écrit comment ?

- Weyawathéamené.

- Ça commence par quelle lettre ?

- Mnmn…

- M ou n ?

- Mnmn…

Tel le loup du petit chaperon rouge (pas le loup Loulou qui, lui, je te le rappelle, était très bête), je décide de ruser :

- Quel est ton prénom ?

- Yéwathéamané.

- Non, ça, c’est ton nom, non ?

- ???

- Je te demande ton prénom…

- Ywath.

- Quoi ? Je ne comprends RIEN à ce que tu me dis !

- …

Craignant de voir se rompre à tout instant l’ersatz de dialogue ténu qui nous relie encore l’un à l’autre, je décide, aidé en cela par mon fidèle ordinateur, de faire une recherche par classe. C’est qu’il ne s’agit pas de me laisser bêtement contrarier par un léger malentendu d’ordre linguistique, non, mais !

A l’extérieur, un collégien, un rien décontracté avec ses pieds nus, passe en sifflotant Mamoe de Yenu. Il s'éloigne en direction de l'infirmerie.

 

- Dans quelle classe es-tu ?

- ^^.

- Non. Je te demande dans quelle classe tu es.

- ^^.

Il est clair que la lutte s’annonce dure. Mais, à l’instar de JM, j’aime ça. 

Je consulte fébrilement la base de données :

- 6°1 ?

- Oui.

Fichtre, voici pour la première fois un « oui » franc et massif qui, j’en mettrais ma main à couper au sabre, a été perçu dans un rayon de 25 cm à la ronde. J’enregistre donc dans l’ordinateur, aussi fébrilement que rapidement, cette donnée qui pourrait bien vite se révéler capitale. Je fais alors défiler sur l’écran la liste des pensionnaires de ladite classe, tentant d’identifier un patronyme qui pourrait s’apparenter de près ou de loin à celui du diablotin qui se dandine maintenant gauchement en face de moi, tout en espérant qu’une adoption récente (toujours envisageable) n’ait pas entraîné une modification de son état-civil. C’est alors qu’un léger gazouillis se fait entendre :

- 6°2.

- Quoi ???

jmb (grattement de tête paniqué).

- Tu es en 6°2 ?!?

- ^^.

- Tu m’as dit que tu étais en 6°1 ! Tu n’es pas en 6°1 ???

- Oui.

A ce stade du dialogue et pour une meilleure compréhension de la dernière réplique qui vient de se jouer, ce qui va en plus permettre à mes pulsations cardiaques de redescendre à un rythme plus proche du QI de Patrick Sabatier que du PIB des Emirats Arabes Unis,  je subodore qu’un décryptage intégral s’avère nécessaire. Tu n’as pas été sans remarquer, avec la sagacité qui te caractérise, que le niveau en français de nos petits élèves était quand même légèrement sujet à caution. La faute à tout un tas de paramètres sur lesquels je reviendrais peut-être un jour, lorsque j’aurais réussi à enregistrer ce putain d’emprunt.

Le vocabulaire est somme toute assez restreint, la construction des phrases rudimentaire (encore qu’en dessous de deux mots, il semble difficile de parler de phrase)... Mais, s’il y a UN domaine grammatical qui soit – presque - irréprochable, c’est bien celui de la réponse à une phrase interro-négative. Alors qu’en Frônce la réponse « non » est employée improprement pour dire « oui », ce qui, par l’usage, fait que tout le monde comprend, ici, le « oui » employé pour « si » confirme bien la négation. Ce qui fait que, dans un premier temps au moins, personne ne comprend.

Je ne suis pas sûr d’avoir été très clair, si ?

En tous cas, j’en déduis fort habilement que le petit bout d’homme qui attend sereinement la suite, en souriant placidement, n’est pas en 6°1.
 

Je reprends ma quête, l’attention à peine détournée par une mère d’élève qui vient de passer brièvement la tête par l’entrebâillement de la porte avant de disparaître dans un bruissement de robe mission. 

- Tu es en 6°3 ?

- Monsieur ! (exclamation courroucé)

- Quoi, monsieur ? Tu es en quelle classe, alors ?

- 6°2 !

- 6°2 ? Eh bien, tu ne pouvais pas le dire tout de suite ?

- Monsieur ! J’ai dit à toi ! (ulcéré)

A l’aide d’une patience à toute épreuve forgée au long cours par des années de combat en zone d’éducation métropolitaine, ainsi que par des recoupements logarithmiques forts complexes que n’aurait pas renié Rainman, je parviens à mettre enfin un nom et une classe sur l’espèce d’espèce qui me tourne maintenant le dos, concentré sur l’une des deux claquettes dépareillées qu'il tient en main et dont la sangle torturée vient de rendre l’âme.

- Voilà ta fiche, sur l’écran. C’est bien toi ?

Il se retourne, surpris, observe l’écran avec curiosité puis sourit en acquiescant des sourcils.


La sonnerie de la récréation retentit alors, mettant fin à nos souffrances respectives même si pas de même nature.

- Bon, donne-moi ton livre, que je l’enregistre.

Sans un mot, mais en m'observant attentivement, il me tend le Lion de Kessel.

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20 août 2009 4 20 /08 /août /2009 16:00


Pour tout bon documentaliste qui se respecte, l’enregistrement sur ordinateur de l’emprunt d’un roman par un élève est une tâche d’une banalité affligeante, qui peut s’effectuer sans dommage de manière concomitante à la lecture de l’Equipe. Un peu comme planter un clou pour un charpentier, balancer la purée pour un militaire ou mentir pour un vendeur de voitures d’occasion.
Au collège de La Roche, par contre, outre le fait que ledit quotidien y est, comme tous les autres quotidiens, introuvable, il s’agit d’un véritable chemin de croix à côté duquel les missions impossibles de M. Phelps et de sa bande pourraient passer pour de banales sorties récréatives entre potaches.

Pas plus tard qu’il n’y a pas longtemps, au CDI (Centre de documentation et d'Information) du collège, un élève s’approche d’un pas hésitant de mon splendide bureau en bois d’arbre contreplaqué. Dans sa petite main, il tient fébrilement un exemplaire du « Lion » de Joseph Kessel (collection 1000 soleils, éditions Gallimard, pour les amateurs du genre).



- …

- Oui ? Que veux-tu ?

- …

- Qu’est-ce que tu veux ?

- … Livre…

- Quoi, « livre » ?

- … Prunter.

- Tu veux le rendre ou l’emprunter ?

- … Prunter.

- Tu veux emprunter ce livre ?

- ^^

- Est-ce que tu as lu le résumé ?

- ???

- Lis le résumé, ici, au dos du livre. Tu verras ainsi si ce livre peut te plaire ou pas…

Surpris mais pas contrariant pour un franc pacifique, il s’exécute avec difficulté et annone tant bien que mal un flot d'onomatopées indistinctes. Au bout de quelques instants, j’abrège son calvaire, lui prends le livre des mains et entame moi-même délicatement la lecture :

« La tête tournée de mon côté, un lion était couché sur le flanc. Un lion dans toute la force terrible de l’espèce et dans sa robe superbe. Le flot de sa crinière se répandait sur le mufle allongé sur le sol. Et entre les pattes de devant, énormes, qui jouaient à rentrer et à sortir leurs griffes, je vis Patricia. Son dos était serré contre le poitrail du grand fauve. Son cou se trouvait à portée de la gueule entrouverte. Une de ses mains fourrageait dans la monstrueuse toison.
- King le bien nommé. King, le roi. Telle fut ma première pensée. »

Je lève les yeux au dessus du bouquin. Le petit sauvageon, très impressionné par cette lecture évocatrice d’une intensité torride, est en train de tirer sur un fil qui dépasse de la chauffeuse accolée à mon bureau.

- Est-ce que ça te plaît ? Je parle du livre…

Il sursaute, ayant depuis un petit moment oublié ma présence.

Malgré l’imperceptible haussement de sourcil marquant son acquiescement, je sens bien que le cœur n’y est pas. Sa moue boudeuse ne me laisse que peu de place au doute.

- Ça parle de quoi ?

- … Lion… me répond-il après quelques instants de réflexion, mis à profit pour jeter un coup d'oeil à l’illustration pleine page de couverture représentant une superbe tronche de roi de la jungle.

Un peu courte à mon goût, cette explication de texte. D’un autre côté, et après réflexion, je ne suis finalement pas persuadé qu’il  y ait grand-chose de plus à retirer de cette scène d’une platitude mortelle. Je ne m’étends donc pas outre mesure là-dessus et regrette presque d’avoir posé cette question ridicule.

- Attends, je vais voir si je te trouve quelque chose de mieux. Tu aimes les animaux ?

- ^^.

Je farfouille dans mon tiroir secret, qui recèle quantité de trésors que je ne peux me permettre de laisser en vente libre, offerts à la convoitise générale. J’en ressors fièrement un opuscule flambant neuf d’une vingtaine de pages écrites en gros caractères et avec plein de jolies images, « Le loup Loulou » de Anne-Marie Chapouton, aux éditions Bayard Poche, collection « Les belles histoires pour les 3-7 ans ».

 


- Tiens, lis-moi ça, tu m’en diras des nouvelles…

Docile, il s’exécute :

« Il… y ét… heu… a… vait… une f… f… fois… un l… oup que i qui… se a s’a… ppel… ait Lou… lou Loulou.

Je lui prends doucement l’ouvrage des mains, une file d’attente composée de nombreux candidats assoiffés de Culture commençant à se former derrière lui, et poursuit la lecture :

« Ce pauvre loup Loulou n'a pas de chance : lui qui ne rêve que de viande saignante, il a épousé une femme qui ne cuisine que des légumes bouillis ! Alors, un beau soir, Loulou part. Il part à la chasse, bien décidé à dévorer le premier animal qui lui passera sous le nez. Mais les bêtes ne sont pas si bêtes : elles le voient venir, le loup Loulou, avec ses grandes dents et son air bêtement affamé... »


- Alors, ça te plaît ?

- ^^.

- C’est quand même mieux que du Kessel, hein ?

- ^^.

- Bon, alors, tu prends lequel ?

- …

- Tu veux emprunter lequel ? Celui-là ou celui-là ?

Il hésite intensément, ce que je comprends tout à fait. Pas facile de se décider, le choix est cornélien comme on dit quand on a des lettres. Kessel ou Chapouton, lion ou loup, salé ou sucré…

Finalement, après un long suspens insoutenable seulement troublé par quelques reniflements furtifs (la grippe A, contrairement  à l’essence et au gaz, est arrivée jusqu’à Maré), le petit d’homme se jette à l’eau :

- Lui ! me souffle-t-il d’une voix étranglée par l’émotion, en me désignant fébrilement le canidé d’un index tremblotant.

Je lui exprime toute ma gratitude d’un regard complaisant, soulagé par ce choix que j'appréhendais quand même le cœur battant. Toute autre réponse, en effet, aurait constitué un échec personnel terrible dont je ne me serais remis qu’avec difficulté.

- C’est bon ? me demande-t-il néanmoins, doutant soudainement de la justesse de sa réponse.

- Oui, oui, c’est un bon choix, le rassuré-je immédiatement à son plus grand soulagement.

Je décide alors d’officialiser cet emprunt sur ordinateur et, dans un moment de grand égarement, lui demande son nom…

(à suivre)




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10 août 2009 1 10 /08 /août /2009 18:00
tazar_ligue1_00  

Quelques heures après le dernier match de la reprise de Ligue 1, entre Bordeaux et Lens au stade Chaban-Delmas (4-1), une réplique de magnitude 2,5 sur l’échelle de Roger Pichon a eu lieu, il y a quelques minutes et à 20 000 bornes de là, sur l’Arena Stadium de La Roche.


La sélection des « Ignames hypocondriaques » rencontrait celle des « Requins dormeurs », renforcée pour l’occasion par leur dernière recrue hivernale, l’international métropolitain Crocodile Tazar junior.

Une rencontre spectaculaire, avec forces passements de jambes, jets de claquettes et échange de joueurs en cours d’action, dans la plus pure tradition locale.


Après un match à rebondissement, l’équipe de la mer, celle des Requins, s’est finalement imposée (5-3) contre celle des Ignames, l’équipe de la terre.
Le tout sous les yeux émus des parents Tazar, venus tout spécialement encourager leur petit-fils prodige.


Un jury de la FIFA a également élu Washetine, le numéro 9 des « Requins dormeurs », homme du match. Le joueur « aux chaussettes magiques » s’est vu ainsi récompensé pour son activité incessante couronnée par deux buts, un corner direct et une papinade dans la lucarne.
 

         tazar_ligue1_02

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5 mai 2009 2 05 /05 /mai /2009 13:21


Alors que les préparatifs relatifs aux festivités de ce vendredi 1er mai allaient bon train (il est à noter que, contrairement à la métropole, ce n'est pas le travail qui est célébré à Maré mais l'avocat), voici le courriel surprenant reçu par le collège de La Roche, daté du 21 avril et en provenance du Vice-Recteur, notre grand chef à nous.

Objet : Déclaration de jours chômés
Le Vice-Recteur (avec 2 majuscules, je vous prie) vous informe que les jours déclarés chômés par les collectivités locales (ex : journée du Maire) et provinciales (ex : commémoration d'évènement à caractère politique) ne visent pas les établissements publics d'enseignement secondaire. Dans ces conditions l'accueil des élèves sera maintenu (les 4 et 5 mai, ndlr).

Accessoirement, il faut quand même rappeler que ce lundi 4 mai 209 est une date historique pour la Nouvelle-Calédonie. Et pas seulement parce que l'accueil des élèves sera maintenu.
Il y a vingt ans, en effet, lors des cérémonies commémoratives de la sanglante prise d'otages d'Ouvéa, qui s'était soldée un an plus tôt par la mort de vingt-cinq personnes (dont dix-neuf Kanak), Jean-Marie Tjibaou et son fidèle compagnon Yeiwéné  Yeiwéné  tombaient sous les balles d'un extrémiste kanak, Djubelli Wéa. Ce dernier ne leur avait pas pardonné la signature des accords de Matignon et la main tendue à Jacques Lafleur, l'ennemi d'alors.

Jean-Marie Tjibaou (à droite) et Yeiwéné Yeiwéné









@ AFP / Rémi MOYEN


Un véritable traumatisme pour le peuple kanak en général et les gens de Hienghène (Tjibaou), Maré (Yeiwéné) et Ouvéa (Wéa) en particulier. Il a d'ailleurs fallu attendre 2004 pour voir se réconcilier Hienghène et Maré avec Ouvéa, lors de cérémonies coutumières de pardon.

Ce long préambule pour expliquer que ce 4 mai 2009 entre, bien évidement, dans la catégorie des commémorations à caractère politique dont parle le Vice-Recteur dans son courriel, sans plus de précision. C'est ainsi qu'à Maré, sont prévus trois jours de commémorations avec cérémonies coutumières, prières, forums, projections de films, danses et chants sur le site de Nidenod, là où repose Yeiwéné Yeiwéné. A ce titre, la Province a même décrété férié les lundi 4 et mardi 5. Cela entraîne donc, en ce qui concerne le collège, la fermeture de la demi-pension et de l'internat, ainsi que le non-fonctionnement des transports scolaires, tous ces services dépendant de la Province, au contraire du collège qui relève lui, on l'aura compris, de l'Etat.

Annoncer l'accueil d'élèves qui, de toutes façons, seront absents était-il une priorité ?
A l'heure du destin commun, et sans attendre le transfert des compétences, il serait bon, parfois, de se pencher sérieusement sur notre histoire. La mort de grands hommes qui se sont sacrifiés pour leur pays en fait partie. Maintenir ouverts des établissements scolaires vides est une bien curieuse manière de leur rendre hommage.

yewene_tazar_14 yewene_tazar_15

Je reviendrai longuement, ces prochains jours, sur ces commémorations qui ont été une grande réussite. Malgré le peu d'intérêt marqué par l'éducation nationale...

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31 mars 2009 2 31 /03 /mars /2009 17:07

 

Tel le Beaujolais, auquel il emprunte une partie de son appellation incontrôlée, le nouvel arrivant nouveau, cuvée 2009, est arrivé. Par pack de huit, cette année, au collège de La Roche.
Le professeur nouvel arrivant, en Nouvelle-Calédonie en général et à Maré en particulier, est une espèce non protégée de bipède à poil ras, en voie d'extinction pour cause de transfert imminent des compétences, oui madame. Il a la fâcheuse réputation, sur le Caillou en tous cas, d'avoir tout vu, tout lu et touché la prime, ce qui est quand même très exagéré. La plupart, en effet, n'ont encore rien vu.

A Maré, le professeur nouvel-arrivant se repère relativement facilement.

Pour commencer, il se distingue des autochtones et de 99% des habitants par une couleur blanche assez prononcée, proche du rose vif pour ceux qui ont oublié crème et chapeau à Nouméa. S'il y avait des touristes à Maré, on pourrait presque le prendre pour l'un d'eux, à la recherche du Méridien de l'île des Pins.

Ensuite, il circule à bord d'un véhicule cabossé de location (pour les plus chanceux) et passe son temps libre (relativement important, quand même) à sillonner désespérément l'île à la recherche d'un logement, d'un frigo et d'une casserole. Avant de se mettre à la recherche d'un technicien de l'OPT susceptible de lui installer le téléphone, avec lequel il pourra appeler la métropole pour donner des nouvelles (en faisant bien gaffe au décalage horaire) ainsi que la Compagnie Maritime des Îles (CMI), qui assure le fret entre Nouméa et Tadine et qui a paumé tous ses cartons.

 

La vie du professeur NA n'est pas de tout repos. Après une cérémonie initiatique organisée par les grands coutumiers du vice-rectorat, à Nouméa, à l'issue de laquelle les poteries Lapita de la Grande-Terre n'auront plus aucun secret pour lui, il devra en un temps record intégrer quantité de données hautement déstabilisantes, telles que l'omniprésence de la Coutume (la Loi locale) et l'omniabsence de l'Equipe (la Bible païenne).

Cependant, pour le remercier d'avoir fait un si long voyage, le vice-rectorat de Nouméa, dans sa grande bonté, peut lui rembourser une partie de son futur loyer sous certaines conditions, la première étant qu'il trouve une maison, bien sûr. Il sera alors admis au remboursement partiel de son loyer à hauteur de 75% de la partie du loyer qui excède le montant de la retenue obligatoire de 15% et le loyer plafond et 25% pour la tranche au delà de ce plafond (décret n° 85-1237 du 25 novembre 1985 modifiant le décret n° 67-1039 du 29 novembre 1967 portant règlement du logement et de l'ameublement des fonctionnaires de l'Etat en service dans les TOM).
Cela le remplit forcément de joie, même s'il n'a rien compris. Qu'il se rassure, il n'est pas le seul.
Il pourra alors se plonger à corps perdu (à jamais) dans la lecture jouissive de la formule de calcul de la contribution laissée à sa charge, que je vous livre ici à toutes fins inutiles et sans aucun supplément.

 

Cela l'occupera pendant les longs week-ends pluvieux de mars, le temps qu'il se rende compte que la pièce principale nécessaire à la constitution de son dossier (un bail en bonnet difforme) n'existe pas à Maré.

Parfois, il est largué. Notamment lorsqu'il apprend avec trois jours de retard que la mer est fermée ou que Lyon (ville métropolitaine de 500 000 habitants, soit le double de la Calédonie) s'est fait bananer par le Barça en huitième de finale de la Champions League.

Et, pour paraphraser M. Sergio, grand philosophe devant l'éternel, rentier à 40 balais et accessoirement batteur puissant et métronomique des célèbres groupes de rock niçois PPZ Rocket et Riff Raff : « Nous n'avons pas des vies faciles ! ».


P.S. : Bienvenue à Olive et Fanny, Max et Jenny, Christophe (et Nadège), Fred, Jean-Jacques et Dominique !

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20 octobre 2008 1 20 /10 /octobre /2008 19:00


Résumé de l'épisode précédent : Une nouvelle pédagogie, la « pédagogie Tazar », est en cours d'expérimentation au collège de La Roche. Le monde de l'Education retient son souffle.


Après deux semaines d'intense observation, j'ai pu constater divers phénomènes, tous évidement plus passionnants les uns que les autres. L'ensemble de ces observations doit donner lieu à une étude approfondie dans la prochaine parution des « Cahiers pédagogiques », la Bible de tout enseignant qui se respecte, à paraître au mois de décembre 2008.
Je vous les livre cependant ici en exclusivité, ce qui est la moindre des choses.


1/ Aucun élève ne m'a fait la moindre remarque, ni posé la moindre question quant à l'origine ou la raison du phénomène.

Dois-je en conclure, la plume tremblante d'une émotion mal contenue, un frisson glacé me parcourant l'échine, qu'ils n'en auraient strictement rien à foutre ?
Cela est bien possible, après tout, bien que je ne puisse me résoudre à imaginer pareille extrémité. Tout être humain normalement constitué ne peut que se sentir ébranlé devant ce spectacle terrible d'une rangée de livres entièrement retournés. Et un marmot de onze à quinze ans, contrairement aux apparences trompeuses, est un être humain au même titre que toi, moi ou mon lapin nain.
Non, l'explication est forcément ailleurs.


2/ Aucun livre n'a été replacé à l'endroit.

Ou plutôt, si. Ils l'ont tous été, mais l'endroit étant ici l'envers, le problème reste le même ce qui me laisse tout retourné.
Cela est cependant très intéressant à noter et remet beaucoup de croyances anciennes en cause, notamment la théorie des professeurs Bidet & Ginepi tendant à démontrer « le mécanisme pavlovien de rébellion du sauvageon moyen en milieu hostile » (in Magnard éditions).
Cela prouve quand même qu'un sens commun peut exister. Cela n'est tout simplement pas le même que le mien, c'est tout.

Une question, alors, me taraude violemment derrière le crâne, là où ça fait le plus mal : « le vrai sens, dans cet hémisphère inversé où les gens sont censés marcher la tête en bas (et non pas sur la tête), ne serait-il pas celui là ? Je frémis à cette pensée et décide de creuser la question (pas trop profond quand même, l'Australie n'est pas si loin).

Et puis, comment expliquer alors le troisième point, car il y a un troisième point, qui va mettre à plat cette belle hypothèse ?


3/ Certains élèves ont quand même visiblement éprouvé des difficultés pour retrouver un livre (dont la tranche était, je le rappelle aux distraits, du mauvais côté).

Nous voici enfin entre gens de bonne compagnie. C'est tout à leur honneur et je les en félicite (même s'il est quand même difficile de repérer les difficultés résultant de cette inversion soudaine des multiples difficultés habituelles).

Les moins regardants sur la qualité ont attrapé, en aveugle, le premier ouvrage leur tombant sous la main et ont entamé sans vergogne leur exposé sur les Dieux grecs à l'aide d'un ouvrage intitulé « Mieux comprendre les drogues ». Pourquoi pas, après tout, Athéna et consorts devant sûrement s'en mettre plein les narines.

Les plus affûtés, quant à eux, rompus aux arcanes sournoises du CDI, ont contourné l'étagère en même temps que le problème, entreprenant des fouilles géologiques en passant leurs petits bras à travers la galerie opposée, celle des Arts et des 700 (plus communément appelée "coin des violets").

Peu importe, après tout, seul le résultat compte. Même s'il n'a pas été, là non plus, très brillant.

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6 octobre 2008 1 06 /10 /octobre /2008 20:00


Une question primordiale, philosophique en diable, va nous occuper aujourd'hui : les livres ont-ils un sens ?


Mais attention, par sens, je n'entends pas « signification » car, là, la réponse serait évidement affirmative. J'ai déjà lu, en effet, quantité d'ouvrages de Frédéric Dard qui débordaient de sens, de tous les côtés. « Y en avait dans les pâtes », « Bouge ton pied que je vois la mer », « L'année de la moule », « La fête des paires » et toute une chiée d'autres qui vous réconcilient instantanément avec la littérature sensée.
Non, par sens j'entends un endroit et un envers, un recto et un verso, un haut et un bas. Un sens, quoi.

Si je me pose subitement cette question troublante, ce n'est pas par pure curiosité intellectuelle mais bien parce que, après quinze ans d'une brillante carrière, le bibliothécaire étriqué qui sommeille dans tout bon documentaliste qui se respecte commence à s'agacer un brin de devoir systématiquement remettre des bouquins en place sur leurs rayonnages. C'est vrai, quoi !

En métropole, au moins, le désordre avait le mérite d'être clair. Les petits sauvageons connaissaient tous (ou presque) le sens, de lecture comme de rangement. Seul leur esprit facétieux et anticonformiste les poussait, lorsque je m'aventurais à leur tourner le dos quelques instants, à balancer le dernier Titeuf dans le rayon 830, réservé pourtant, ils le savaient bien, à la littérature de langue germanique.

A La Roche, par contre, le problème semble légèrement différent.
Pour commencer, les élèves lisent beaucoup plus qu'en France. Plus de dix livres en moyenne par élève et par heure. Le record de l'année 2008 (à l'heure où je mets sous presse) étant détenu par un élève de 6°1 qui a évacué la lecture intégrale du volume 4 de l'encyclopédie médicale de Nouvelle-Calédonie des professeurs Touzard, Arnold, Zante & Verschoore (2 kg 6) pendant le trajet entre le rayonnage et sa chaise. Douze secondes chrono. Et qui a donc bouclé la boucle en retournant déposer dans la foulée le précieux manuscrit. A l'envers.
- Tu l'as déjà terminé ?
- ??? (sursaut de surprise, une main protectrice sur la tête)
- Tu l'as déjà terminé ?
- ^^ (haussement imperceptible de sourcil, marquant, je vous le rappelle, l'acquiescement).
- Bien, bien. Tu peux au moins le remettre dans le bon sens ?
- ???
- Tu vois bien qu'il est à l'envers, non ?
Non, visiblement il ne voyait pas. Son petit regard perdu avait des accents de sincérité qui ne trompaient pas.

Cette scène ayant tendance à se généraliser un peu trop à mon goût (mon superbe fond documentaire de quatre cents titres étant intégralement à reclasser au bout d'une seule semaine de quatre jours), il m'a fallu bien sûr procéder à un léger recadrage pédagogique.
J'ai donc commencé par faire appel au vécu de l'élève, comme il est inculqué sans rire dans les bréviaires normaliens. Le problème, c'est que les rédacteurs de ce genre d'ouvrages n'ont que rarement mis les pieds en brousse ou dans les îles de Nouvelle-Calédonie (pas plus dans une classe métropolitaine, d'ailleurs, mais ceci est un autre débat). Or, l'objet livre n'est pas la chose la plus répandue en tribu, en tous cas bien loin derrière la bibiche, le sabre et la bouteille carrée. Quant aux bibliothèques Louis XVI, elles sont quasiment inexistantes dans les cases (cf photo ci-dessous).


J'ai poursuivi ma quête d'absolu en instruisant une démarche générale d'investigation se traduisant par l'étude systémique de l'objet en organisant des séquences d'appropriation tout en stimulant le processus cognitif manipulatoire. En clair, j'ai demandé à quelques gamins de prendre un livre, de le feuilleter puis de le remettre en place. Tout en observant attentivement le résultat, en transpirant. Et là, il apparaît nettement qu'il n'y a aucune constante. Tranches en avant, titres à l'envers, et vas-y que je te pousse tout ça... La volonté de bien faire est manifeste, puisqu'ils ne me quittent pas du regard pendant l'action, mais le résultat est peu concluant, l'important à leurs yeux étant simplement que le livre ne tombe pas par terre. Ce qui arrive aussi, parfois.

Contraint, bien malgré moi, de renoncer à la pédagogie libertaire du vécu et de la découverte, je me suis donc rabattu sur une transmission du savoir autoritaire (abandonnée pourtant depuis la guerre de mai 68) mais qui, du moins l'espérais-je, pouvait donner ici de meilleurs résultats.
Point de classification décimale Dewey, qui te distingue en un instant un ouvrage sur la géographie des îles Loyautés (classé en 919.3) d'un ouvrage sur les peintures du XV° siècle (en 759.03) mais les bleus avec les bleus et les verts avec les verts. Et, surtout, tous les livres dans le même sens, c'est bien compris ?
- Tu vois ces livres avec la pastille verte ? Et bien, tu ranges le tien à côté, comme ça.
-  ...
- Oui, la tranche avec la pastille vers toi. Non, vers toi. La tranche. Tu sais ce que c'est, la tranche ?
- ...
- C'est ça, la tr... Non, pas dans ce sens, dans l'autre sens. L'AUTRE SENS ! Voi-là. Tu as compris ?
- ^^.
Non, il n'avait pas compris. Les autres non plus, d'ailleurs.

Ayant tenté tout ce qui était humainement et pédagogiquement possible au cours de ces six premiers mois, je me suis donc lancé, à l'entame de ce troisième trimestre, dans une expérience nouvelle et innovante. Celle-ci devrait faire date et se retrouver enseignée sous peu dans tous les IUFM de Métropole, de Navarre et des îles Loyautés sous l'appellation « Pédagogie Tazar », reléguant l'aimable Freinet au rang de vague curiosité historique.
En voici le principe : disposer à l'envers, tranches en avant, la totalité d'une rangée de livres (le rayon bleu 600, celui des « Techniques », dans notre exemple) et faire comme si de rien n'était.


(A suivre)

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29 mai 2008 4 29 /05 /mai /2008 04:00


Aujourd'hui, étude comparative de cas entre collégiens métropolitains et maréens. A destination des collègues enseignants, les dépressifs comme ceux proches de la reconversion ou de la démission, les désabusés comme ceux hésitant à demander leur mutation dans les îles. En espérant n'avoir oublié personne.


Premier cas de figure
 : après plusieurs avertissements verbaux et une montée palpable de la tension, on se laisse aller inconsidérément à réprimander un élève.

En métropole : la réaction est immédiate. Elle peut aller du classique « z'y vas ! », prononcé d'un ton machinal tout en soupirant, au non moins classique « c'est bon ! », asséné d'un ton excédé qui signifie que l'on a dépassé les bornes. Les deux expressions peuvent parfois être assorties d'un haussement de paupières ostentatoire marquant l'irritation particulière du sujet. Le mieux est alors de laisser tomber l'affaire, si possible en s'excusant auprès du petit sauvageon.
Lorsque l'individu manque de lettres, sa réaction peut se résumer à un « quoi ? » asséné d'un air éreinté mais qui n'en limite pas pour autant la portée. Surtout s'il agrémente son interrogation d'un discret mouvement de main, majeur tendu. Dans le meilleur des cas, on peut avoir droit à un « c'est pas moi ! » sans appel. Là encore, à moins de vouloir aller au devant de graves désagréments, le mieux est encore de tourner courageusement les talons, avant la prochaine réplique.

Au collège de La Roche : à la première réprimande, souvent non verbale, un simple regard se révélant souvent suffisant, le garnement baisse la garde, les yeux, la tête et se dissimule derrière son bras (plus facilement accessible qu'un trou de souris). L'affaire est réglée. Dans les cas plus rares ou une deuxième réprimande, orale cette fois-ci, est nécessaire, la réponse fuse alors, on ne peut plus claire : « pardon, monsieur. »



Deuxième cas de figure : à midi, avant d'aller manger (également valable en fin de journée).

En métropole : à la sonnerie, les élèves, injustement brimés par plusieurs heures de cours, parfois d'affilée, expriment leur contentement et leur esprit créatif en se bousculant, en hurlant et en jetant en l'air le sac de leurs petits camarades. Vouloir réglementer tout cela et c'est la digestion future qui peut s'en trouver gravement compromise.

Au collège de La Roche : c'est au son discret d'un « bon appétit, monsieur » que se dispersent les petites têtes brunes. Certains élèves, qui ne sont pas forcément de la classe, font parfois le détour pour présenter eux aussi leurs civilités, en passant timidement la tête par la porte entrouverte.


En métropole, si le processus cognitif de la découverte faisant appel au vécu de l'élève, cher aux pédagogistes de salon, n'a pas permis l'acquisition de l'expression « au revoir », cette dernière est traduite à Maré par « à demain » (prononcée « 'demain ») et servie à toutes les sauces (le soir, bien sûr, mais aussi à midi et les veilles de week-end ou de vacances). Avec un grand sourire en prime.


Troisième cas de figure
 : le soir, à la sortie des classes, des gamins courent derrière votre voiture.

En métropole : on accélère, en baissant la tête.

Au collège de La Roche : on garde une allure constante et on passe la main par la vitre pour saluer.



Quatrième cas de figure : les conseils énoncés dans le premier cas de figure n'ont pas été suivis. Le ton monte et vous saisissez le bras de votre interlocuteur pensant ainsi lui faire entendre raison.

En métropole : quelle erreur ! Vous voici hors la loi ! Vous venez de commettre un acte fermement prohibé par la Convention des Droits de l'Enfant de 1989, la Convention de Washington sur les espèces protégées, les Instructions Officielles, le Recueil des Lois et Règlements, le Règlement Intérieur de l'Etablissement, l'UNICEF, SOS Racisme, la SPA, ainsi que par M. le Recteur de l'Académie, celui de la Grande Mosquée et Dieu le Père. Si la gendarmerie ne vient pas vous chercher séance tenante, un Conseil familial de quartier pourra se réunir qui enverra un émissaire (un père ou un grand frère) vous rappeler vos devoirs et vos devoirs, avec des arguments sonnants et contondants à l'appui.
Quoi qu'il en soit, la malheureuse victime, consciente, elle, de ses droits, vous remet instantanément dans le droit chemin : «  t'as pas l'droit d'me frapper ! »

Au collège de La Roche: voir le cas de figure n°1.

 

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12 mars 2008 3 12 /03 /mars /2008 13:42
 
Après plusieurs heures de calme plat, simplement troublé par une maman égarée à la recherche de la Vie scolaire, un premier client se manifeste sur les coups de 14h10 (!) Un jeune intrépide vient en effet de passer timidement la tête par la porte du CDI, laissée inconsidérément entrouverte. T-shirt Bob Marley, short à deux bandes, claquettes traînantes… la panoplie complète du petit élève kanak moyen.

Il m’observe avec curiosité, sans mot dire mais en se tortillant dans l’entrebâillement. Ce qui ne l’empêche pas de me rendre le sourire que je lui adresse, ce qui est la moindre des choses mais fait toujours plaisir.
Au bout de longues secondes de statu quo, je me décide à l’interroger du regard, prudemment histoire de ne pas l’effaroucher. Sans succès. Puis, la situation commençant à s’éterniser, je me lance et lui pose carrément LA question :
-         Tu veux venir au CDI ?

L’imperceptible haussement de sourcil sur un visage par ailleurs impassible ne me laisse aucun doute quant à l’enthousiasme qui l’anime à l’idée de fouler, pour la première fois de l’année 2008, le sol de cet impressionnant sanctuaire culturel.
Je lui fais alors signe d’entrer, tout en me dirigeant lentement vers lui en signe de détente. Il s’exécute sans me quitter des yeux et en opérant un mouvement tournant autour d’une chauffeuse poussiéreuse, afin de s’assurer un espace de sécurité.

Je lui demande s’il vient de la permanence. Aucune réaction. Je repose ma question plus lentement, en remplaçant le mot « permanence » par celui d’ « étude ». Même résultat.
Je me rends alors compte qu’un minuscule tremblement semble animer ses lèvres, signe annonciateur d’une entame d’ersatz de conversation. Je tends l’oreille, en vain. Le léger ronronnement de la climatisation m’empêche de percevoir l’intégralité du mot qui, j’en suis maintenant persuadé, vient d’être prononcé. Toujours par signe, je m’efforce de le mettre en confiance et l’incite à exprimer de manière synthétique l’intégralité de sa pensée.

Ça y est ! Je viens de discerner un nom, qui vient d’être émis dans un souffle, main devant la bouche et tête baissée. Il s’agit de celui de ma devancière. Diable ! Le garnement me confondrait-il avec cette dernière, dans un moment d’égarement dû à une émotion bien compréhensible ? Je m’empresse de lever toute ambiguïté et lui annonce fièrement que je suis le nouveau documentaliste du collège. Il semble très heureux de cette bonne nouvelle, ce qui n’empêche pas un silence de plomb de retomber instantanément. 
Je décide de le rompre à nouveau, tout en faisant preuve d’originalité :
-         Et sinon… ça va ?
-         Un peu…
La glace est rompue, nous progressons à grand pas.

Mettant provisoirement de côté l’aspect réglementaire de sa situation, qui me semble quand même sujette à caution, je renonce à lui demander un hypothétique billet d’inscription et lui annonce qu’il peut choisir un livre et s’installer pour le lire. Il obtempère, visiblement satisfait de l’accueil qui lui est réservé.
C’est alors que surgit la prof de français :
-         Dis-moi, Jean-Pierre, tu as bien cours avec moi, en ce moment ?
Haussement de sourcil affirmatif.
-         Qu’est-ce que tu fais là, alors ?
La question étant ouverte, elle reste sans réponse.
-         Allez, pose ton livre et suis-moi en cours.
Le petit sauvageon obtempère de bonne grâce, dans un bruissement de claquettes furtives. Le silence retombe sur le CDI.



 

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2 janvier 2008 3 02 /01 /janvier /2008 00:12


Que les choses soient bien claires: les vacances ne sont pas notre motivation principale (surtout pour Madame Tazar, qui ne travaillera pas...).
La publication anticipée de ce calendrier est uniquement destinée aux quelques courageux qui envisagent de nous rendre visite, ceci afin de leur permettre de bien planifier leur coup...

Calendrier Vacances scolaires 2008 en Nouvelle-Calédonie

 

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