Aircal, la célèbre et unique compagnie aérienne locale qui dessert (dans le sens positif du terme, loin de moi l'idée de me montrer médisant) l'ensemble du territoire calédonien en général et les îles Loyauté (dont Maré) en particulier fait face à de graves mouvements sociaux depuis maintenant deux mois.
En cause, notamment, la non-titularisation par la direction d'Aircal d'une salariée kanak, originaire de Maré, dont le CDD s'était achevé. Bien que le caractère éphémère d'un tel contrat apparaisse, sauf erreur toujours possible de ma part, dans son appellation même (sinon, on l'aurait appelé CDI), la notion de priorité à l'emploi local, en Calédonie, vaut tous les contrats en bonnet difforme aux yeux de l'USTKE (Union Syndicale des Travailleurs Kanak et des Exploités, oui madame).
Cela a donc entraîné une inévitable montée au créneau dudit syndicat aux célèbres bâches bleu, de nombreuses perturbations de vols au départ de Magenta et quantité de scènes ubuesques avec des départs d'avions vides (lire, pour plus de détails et si ce n'est déjà fait, double insularité de JM Adams).
A l'heure actuelle, l'accès à l'aérodrome de Magenta dont les abords sont toujours occupés par les militants de l'USTKE, ne peut se faire que muni d'un billet et d'un passeport et après avoir montré patte blanche auprès d'un impressionnant et musculeux service d'ordre.
Côté coulisse, ce n'est pas triste non plus.
D'un côté, Le LKS, le parti de Nidoish Naisseline, le président d'Aircal, accuse l'USTKE de propager, à travers ses slogans relatifs à l'incompétence de M. Ihagé (directeur démissionnaire d'Aircal, fatigué d'être « insulté par les siens », ndlr), l'idée selon laquelle « le Kanak serait toujours incompétent ». Nidoish Naisseline conteste, de plus, le fait qu'un président kanak soit obligé d'employer des Kanak.
De l'autre côté, l'USTKE reproche à M. Ihagé d'être un « directeur kanak qui manque de considération pour les Kanak ».
Du côté des usagers, des rassemblements se sont organisés à Magenta, réclamant la liberté de circulation. Parmi les intervenants, Basile Citré, le maire de Maré, qui voit avec inquiétude la fête de l'avocat se profiler à l'horizon.
Cela doit se dérouler ce week-end à Nece, parallèlement aux commémorations des vingt ans de la mort de Yeiwéné Yeiwéné, camarade de lutte de Jean-Marie Tjibaou, assassinés tous deux à Ouvéa le 4 mai 1989.
Les avions d'Aircal sont complets depuis longtemps. Il n'y a plus qu'à croiser les doigts...