C’est fou ce que quelques petits détails peuvent changer instantanément et radicalement le comportement humain. Prends les conducteurs qui ont l’habitude de descendre à toute vibrure la route longeant la place des Cocotiers, à Nouméa. Tu leur mets devant les roues une vingtaine de bonhommes à moitié nus, simplement vêtus de quelques plumes, de peintures de guerre et d’un casse-tête et, bizarrement, tout le monde ralentit. Pas de coups de klaxon exubérants, de doigts dressés vers les cieux, voire d’invectives bien sentis visant la génitrice du piéton égaré, comme dans toute bonne métropole qui se respecte.
Le respect, tout simplement. Etonnant, non ?
Les piétons en question, venus tout naturellement à l’occasion du festival Melanesia 2010, font partie de la troupe de Lamap, de l’île de Malakula (Mallicolo), une des 83 qui composent l’archipel voisin du Vanuatu. Une des particularités amusantes de cette île réside dans le fait que le nom de ses habitants (les Big Nambas et les Small Nambas) est en rapport direct avec la taille de leur étui pénien. La longueur de leur sexe, si tu préfères. Autant te dire que, lorsque tu viens du quartier des Small, bonjour la galère pour trouver un job de chef de rayon à Carrefour !
Note à caractère culturel : un étui pénien est un string en feuilles de bananier ou de pandanus, très en vogue dans les quartiers chauds de Lamap, South West Bay ou Norsup, les villages principaux de l’île, ainsi que dans certaines soirées chez Eddy Barclay.
Fin de la note à caractère culturel.
Les Big Nambas étaient polygames et cannibales (ils avaient plein d’ennemis et mangeaient leurs femmes). Les Small Nambas, quant à eux, compensaient leur handicap physique très gênant (à la guerre, il n’était pas rare qu’ils soient accueillis aux cris de « p’tite bit’ ! ») en pratiquant l’élongation du crâne des jeunes garçons.
Mais ils sont maintenant tous très sympas. Il y en a même un qui m’a serré la main (et qui me l’a rendue).
Les Nambas sont, par nature, très disciplinés. Ils traversent toujours dans les clous, pour se rendre dans la forêt chasser le zigomar sauvage. Sauf quelques irréductibles rebelles qui n'aiment rien moins que braver les règles civilisatrices édictées par l'homme Blanc. On les appelle les Nambas XXL.