Ehnijengo ci sibo buhnijengo ko déko yawé co kupa né co nué filet omei pajélé. Wén'oré buhnije nidi ci gajéléci oré célé. Ci nidi sibone co respecté ore ore pajélé. Ci ni di oré one.
Ci oré one aca célé.
Voici l'inscription sibylline que j'ai découverte, pas plus tard que la dernière fois et à ma plus grande joie, devant l'entrée d'une des plages de Mebuet, idéalement située sur la côte ouest.
Suite aux légères incertitudes ayant accompagné les dernières mesures de restriction de l'accès à la mer (voir la mer est fermée 1 et la mer est fermée 2), toute précision est bonne à prendre et je ne vais pas faire la fine bouche (surtout lorsqu'elle est obstruée par un tuba) devant cette volonté autochtone manifeste de clarifier pédagogiquement la situation. Ceci étant dit, il faut quand même reconnaître que, tout comme le sanscrit ancien, le nengone moderne reste pour moi une source de mystère insondable me plongeant à chaque fois dans un abyme de perplexité qui ne trouve son équivalent que dans l'écoute, par une classe de 6° de notre cher collège, de la version originale (en français dans le texte) de Ratus aux sports d'hiver.
Cette inscription étant accompagnée, en guise de ponctuation, d'une barrière en bois d'arbre ostensiblement disposée pour barrer tout passage ainsi que d'un fil de fer aussi barbelé que rébarbatif, je ne me fis (fos, fus...) aucune illusion quant au sens profond du message ainsi véhiculé. Et poursuivis courageusement mon chemin vers des horizons plus hospitaliers, où l'on peut baigner la mer sans déclencher une guerre tribale.
Voulant cependant en avoir le cœur net, et mettant à profit la moindre occasion pour me culturer la teutê (comme disent nos chères têtes brunes métropolitaines), je me fis traduire, quelques jours plus tard, le susdit message. Avec le résultat suivant, aussi surprenant qu'inattendu, que je vous retranscris intégralement et sans aucun supplément :
On vous demande de ne pas faire de chasse sous-marine et de ne pas mettre de filet dans la mer, parce que sinon il n'y aura plus de poissons. Merci beaucoup. Merci beaucoup de respecter la mer.
Signé : le propriétaire de la mer.
Diantre ! Voilà une annonce évidement accueillie avec force plaisir et soulagement par messire moi-même, zoreil de base, certes, mais nettement plus préoccupé par l'éventualité d'être privé de son bain quotidien que par la baisse hypothétique du CAC 40.
En effet, cette fois-ci, les choses sont claires comme de l'eau du trou de Bone. En vertu de l'adage bien connu selon lequel « qui ne dit mot qu'on sent », la seule interdiction de pêcher signifie donc de facto autant que logiquement l'autorisation de baigner la mer. CQFD.
Youpee ! A moi, masque et tuba... A moi, petit shorty seillant et randonnée palmée... A moi, lagon, sable et cocotiers... A moi, plongeons dans l'onde chatoyante et tempérée, malgré des températures automnales nettement en dessous des 30° syndicaux... A moi, la raie de Mebuet...
Dommage simplement que le camarade m'ayant traduit cette missive ait cru bon de l'assortir du commentaire lapidaire suivant :
- A Mebuet ? On peut pas baigner la mer !
A suivre...